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Mon histoire avec le saumon - Chapitre Un

Comment tout cela a commencé

Récit écit en 2005 sur mon site Saumon-Passion

Péchouilleur depuis ma tendre enfance, j'ai souvent accompagné mon père qui était un mordu du fouet. Celui-ci sévissait sur les bords de la Charente et parfois sur l'Isle (24) lorsque nous allions en vacances chez un oncle tout aussi passionné que lui de la pêche.

Bref, j'ai donc eu une première injection, dès l'âge de dix ans, alors que mon père m'initiait au fouet et que je prenais ma première truite avec un truc qui flottait sur l'eau.

Plus tard, j'ai eu l'opportunité de bosser du coté de Clermont-Ferrand. J'ai donc poursuivi mon perfectionnement du fouet (qui s'était transformé en canne à mouche) et pris de nombreuses truites dans les belles rivières que comptait cette région à l'époque.

Mais je pratiquais également la pêche au lancer, sur les bords de l'Allier. Et c'est ainsi que j'ai pu voir que de très nombreux pêcheurs s'activaient, dès le 15 janvier (à l'époque) pour essayer de prendre des saumons.

Comme tout pêcheur, la quête du gros poisson et ma curiosité m'ont fait prendre mon premier permis saumon (très très cher) début 1974.

Tous les soirs, à la sortie du boulot, je me rendais sur les bords de l'Allier, au-dessous de Cournon, juste derrière le plan d'eau, où je rencontrais d'autres 'fadas' avec qui j'avais bien sympathisé. J'y ai vu prendre des gros saumons (plus de dix kilos) et la fièvre montait... montait...

Un vendredi soir, alors que la nuit était pratiquement tombée et que nous étions à refaire le monde en fumant une cigarette (et oui, je fumais a cette époque), j'ai vu, de mes yeux vus, le dos d'un gros saumon qui marsouinait juste en aval, à la limite des branches. Heureusement, j'étais le seul tourné dans cette direction. Mon sang ne fit qu'un tour, mais je n'ai rien laisser paraître aux autres 'collègues'.

Quelques jours auparavant, l'un des pêcheurs habitués de ce 'pool' m'avait dit que si je voyais un saumon se manifester à la tombée de la nuit, il fallait à tout prix revenir de bonne heure, le lendemain matin pour l'attaquer 'à la fraîche'.

Après une nuit agitée ou j'ai du prendre dix fois ce poisson, je me retrouve donc au bord de l'eau, bien avant que le soleil pointe à l'horizon. Une, deux, trois, quatre cigarettes après, alors que le ciel commençait tout juste à s'éclaircir, je décidais d'en mettre un petit coup. Je choisis donc un superbe devon tout neuf avec une belle jupe rayée rouge et blanche.

J'avais encore en tête le repère de cette branche surplombant la rivière et derrière laquelle ce saumon avait marsouiné la veille. Un premier lancer (un peu court) s'avéra infructueux. Lors de ma seconde tentative, alors que le devons terminait sa dérive et arrivait enfin sur le poste, je sentis une grosse tirée, brutale et puissante, suivie d'une série de coups de tête. Cà y est, je l'avais accroché, mais il n'était pas encore sur la berge, loin s'en faut!

Pour la petite histoire, n'ayant pas trop de moyens, j'avais bricolé une vielle canne de surf de mon père (en bambou) sur laquelle j'avais mis un scion en fibre de verre plein. Le moulinet était un Mitchell pour gaucher dont le frein n'existait plus.

Donc, il y avait deux issues possibles: le tractage ou la casse.

Heureusement, ce saumon qui avait déjà plus de 800 kilomètres d'eau douce avait du perdre un peu de sa vigueur initiale. Il resta donc gentiment sur le pool, effectuant quelques belles cabrioles quand m^meme, à m'en faire éclater le ventricule gauche (et le droit aussi). Ce combat dura une vingtaine de minutes, jusqu'à ce qu'un pêcheur matinal arriva sur le coup.

- Jean-Marie, qu'est-ce que tu fous à ct'heure-ci au bord de l'eau?
- Merde! T'en a un? J'avais pas vu!!

Mon gaillard pris sa gaffe et vint m'aider à mettre la bête au sec. J'en croyais pas mes yeux, j'avais réussi à prendre ce gros poisson. Mes mains tremblaient, mes genoux flageolaient, mais ce saumon de près de dix kilos était bel et bien sur l'herbe. Et je venais de prendre une grosse dose de "saumonite aiguë".

Depuis ce jour là, je n'ai eu qu'une idée en tête: revivre ce moment magique.

Pendant les trois années qui suivirent je ne vivrais plus que pour le saumon. L'hiver était consacré à la confection de cannes, de devons, de cuillères, la fin de l'hiver et le printemps étant consacrés à la traque du poisson roi. J'aurais la chance d'en prendre un autre de sept kilos et d'en tenir deux autres qui se décrocheront. Toujour sur l'Allier.

Pendant près de trente ans, mon boulot m'ayant tenu éloigné des rivières à saumons j'avais un peu perdu de vue cette pêche.

Lorsque j'ai été à la retraite, en 99, j'ai pu aller me balader en Scandinavie avec mon épouse à bord de mon camping-car. Et là les vieux démons ont ressurgis en voyant ces norvégiens manier la canne à deux mains au bord de ces belles rivières laponnes aux eaux cristallines. Je venais de signer un bail de 99 ans avec ce beau pays et ses poissons d'argent.

C'est en 2001 que j'organisais mon premier voyage de pêche entre potes pour aller traquer les saumons à la mouche en Laponie.

Ce n'était pas évident. il a fallut tout apprendre, que ce soit le maniement de la canne, la reconnaissance des postes, le 'sens de l'eau', le montage des mouches, quelles rivières pêcher à quelle époque, s'informer de la réglementation de chaque pays, etc...

Tout au long de ces cinq dernières années, j'ai côtoyé des gars supers qui m'ont appris beaucoup et à qui je dois tout ce que je sais, même si j'ai encore beaucoup à apprendre.

Pour moi, la pêche du saumon, ce n'est pas que le fait de mettre une mouche dans l'eau. C'est bien plus que cela et il ne se passe pas un jour de l'année ou je compte les jours qu'il me reste avant le jour du grand départ. C'est aussi une bande de copains avec qui je peux parler de notre passion commune sur une liste de discussion 'privée'.

Je regrette cependant que trop de soi-disant "saumoniers" ne partagent pas leur savoir, comme si on allait leur piquer "Leurs Saumons".

Alors, peut-être égoïstement, moi aussi, j'oublie qu'il y a encore des saumons en France, que peut-être il y a quelque chose à faire pour sauvegarder nos souches locales. Mais devant l'ampleur de la tâche, devant tout ces gens qui essayent de tout ramener à eux, devant les intérêts personnels qui passent avant l'intérêt de ce pour quoi ils devraient se battre, mon choix est fait: je garde mes potes, mes soleils de minuit, mes saunas, mes casse-croûtes matinaux au Bourgueil, mes mains cinglées par les averses de neige, mes coups de soleil sur le pif et j'invite tout ceux qui veulent s'en donner la peine à en fait autant.

La vie est trop courte pour être mal vécue.... :)

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